« C’est décidé je plaque tout »
15:12
Combien de fois j'ai entendu cette phrase sortir de ma
bouche, combien de fois elle m'a traversé l’esprit, cette envie de tout recommencer à zéro, mais en général cela ne dure que quelques minutes,
le temps de redescendre sur terre et de retrouver une once de lucidité.
C’est vrai, quoi, ça se saurait si tout
plaquer pour tout recommencer ailleurs était une mince affaire.
Dans un premier temps, il est préférable de ne pas avoir d’attaches, de job auquel on tient, de situation amoureuse sur le feu (pour y
avoir déjà goûté les relations longues distances à long terme ça craint), il
faut également en avoir les moyens (les plus courageux et aventureux vous diront que ce n'est pas forcément nécessaire), et enfin il faut avoir le déclic, comme on dit..
DÉCLIC, j'aime ce mot, j'aime comme il claque dans la bouche, j'aime l'idée qu'il vienne pousser notre porte sans crier garde pour nous bousculer et nous perturber.
Mais, c’est sans compter sur la peur. Cette peur
qui vous paralyse, oui, car une fois que toutes les conditions sine qua non sont réunies, il vous faut passer outre la peur, les appréhensions, et autres états d’âmes.
Et si ce n’était pas mieux ailleurs, et si c’était pire, je veux
dire et si je le regrettais par la suite ?
Combien de fois j’ai prononcé cette phrase... Ces derniers
temps cette phrase s’est transformée en envie, une envie d’autre part, l'envie de clôturer ma vie, ici, et de la reprendre ailleurs.
Comme
étouffée, je ne me sens plus à ma place, je me vois spectatrice,
spectatrice de ma propre vie. Je la regarde se
dégoupiller, sans intervenir, car de toute manière je ne peux rien y faire mis
à part regarder couler ce long fleuve pas si tranquille, je sors le pop-corn.
Alors, bien souvent on prononce cette phrase, « C’est décidé je plaque tout ! »
puis on oublie, on passe à autre chose, et on attend, on attend parfois sans forcément en avoir conscience ce fameux déclic, celui qui
nous donnera enfin la force de se dire que cette fois-ci c’est bien la bonne.
J’ai longtemps espéré ce déclic, je l'ai espéré tout en ayant peur de lui et de ses répercussions.
J'ai essayé de me plaire sur mon itinéraire, celui que mon fleuve avait amorcé. J' ai minimisé l'impacte de certains de mes choix sur
mon bien-être, souvent en me répétant, à voix haute, face au miroir « OK, là, ce n’est pas évident, mais
c’est la vie, et si c’était facile tu le
saurais ».
D'accord, peut-être que c’est "la vie", de faire des choix et de parfois les subir quelque temps, subir une situation dont on a pas forcément envie en ce disant que ça ira mieux demain.
Mais, de sa vie on en fait bien ce que
l’on choisit d’en faire, et moi j’ai l’impression de ne rien en faire, hormis
le fait de sortir le pop-corn et de parler face à mon miroir, en me rassurant
sur le fait que de subir ses choix, de les regretter, c'est normal et ça fait partie du jeu.
Dès lors qu'on subit un choix, il perd son statut de ''choix", non ?
En réalisant que je me mentais à moi-même, j’ai
sans doute eu un début de ce déclic, cette phrase est devenue une envie, une envie
permanente de déménager, de changer de cap, de déconstruire pour reconstruire de
nouveau. Il est temps pour moi de dévier la trajectoire de mon fleuve.
" La vie humble aux travaux ennuyeux et faciles
Est une oeuvre de choix qui veut beaucoup d'amour"
Paul Verlaine- Sagesse.
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2 commentaires
Je crois à ce déclic Anna, mais aussi au fait d'un jour décider de laisser la peur de côté car tout choix est un risque. Il faut se donner les moyens d'être heureux. On peut tous un jour ou l'autre repartir de rien et construire quelque chose de mieux. Il faut juste s'en donner les moyens et y croire.
RépondreSupprimerBonne continuation...
Merci pour ces jolis mots rassurants ! Une chose est sûre, c'est que je compte bien profiter de ce déclic pour me reconstruire en mieux.
SupprimerAnna.