Les enfants aussi ont le droit d'adopter !

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J'avais six ans quand mon monde c'est écroulé, six ans quand mon père est mort dans un accident de voiture, il était parti pour le travail une semaine, il n'est jamais revenu, je n'ai pas eu le temps de lui dire au revoir, ce jour là j'ai été détruite, j'étais très, peut-être trop, proche de lui, je n'ai pas vraiment envie de parler de lui maintenant... Une autre fois peut-être ...
Je l'aime, je le respecte, je pense à lui chaque jour, chaque minute, à chaque fois que je fais quelque chose de bien ou de mal, que je choisi un chemin plutôt qu'un autre dans ma vie, que j'ai une décision à prendre ...

Pourquoi le titre de cet article, assez bizarre je vous l'accorde, parce que j'ai en quelque sorte adopté un père, il ne m'a pas adopté de façon légale, nous n'avons aucun lien de parenté, il ne connaissait pas mon père, mais C. est mon papa n°2.
Je l'ai connu quand j'avais 10 ans, la blessure que j'avais vécue à six, était très loin d'être refermée, à la base c'est un ami de ma mère, et je précise bien ami et pas amant, nous n'avons jamais habité ensemble ou quoi, mais ça été un coup de foudre, c'est le seul mot qui me vient pour décrire cette rencontre, un vrai coup de foudre paternel.
Quand je l'ai vu j'ai tout de suite eu envie de l'appeler papa, je m'en suis tenue à pa', déjà par respect pour mon père mais aussi parce que ça faisait hurlé ma mère de me voir m'attacher comme ça à quelqu'un qui m'était en quelque sorte inconnu, elle a pensé que ce ne serait qu'une phase, qu'elle ne pouvait pas me laisser appeler papa tous les hommes que je croisais.
Sauf que lui, qui n'avait jamais eu d'enfant, a du, je ne sais pas vraiment si on peut dire ça comme ça, ressentir la même chose, parce qu'il ne m'a jamais laissé tomber, alors que nous habitions à 1000 km l'un de l'autre.

A partir de 15 ans j'allais même en vacances chez lui, seule sans ma mère ni mon frère, entre 15 et 23 ans j'y allais 1 à 2 fois par an, en plus des fois ou je venais avec ma mère ou celles où il venait à Paris.
Doucement le pa' c'est transformé en papa, même ma mère c'est résignée et ne dit plus rien, peut-être aussi parce qu'entre temps elle à compris, elle s'est remariée et qu'elle voit bien que cette relation unique je ne l'ai eu qu'avec C., et que même si 'aime beaucoup mon beau-père ça n'a jamais été un même dizième de millième la même chose.

Aujourd'hui 17 ans plus tard, à 27 ans, j'habite dans la même région que lui, je le vois tous les jours, et tous ce liens pseudo paternels que nous avons construits, se renforcent chaque jour, dans le bon comme dans le moins bon.
On s'aime et on rigole, pour tout le monde je suis sa vraie fille, pas le temps d'expliquer à ceux qui ne sont que des connaissances toute cette longue histoire. Par contre, bien sur les proches et la famille, connaissent la vérité, mais ça ne change rien pour eux je suis sa fille.
C'est assez drôle, on en joue, quand on croise des gens dans la rue, qui le connaisse mais moi pas encore et qu'il me présente, à chaque fois, toujours, ils disent "Oh mais oui bien sûr, vous vous ressemblez tellement" alors qu'ils le connaisse depuis presque 30 ans quelques fois et n'avaient jamais entendu parler d'une progéniture quelconque. Comme quoi, les gens juste pour se donner du galon serait prêt à dire n'importe quoi.

Je sais que je lui apporte plein de choses, il me le dit souvent, et inversement, nos caractère sont différents on apprend l’un de l'autre, c'est un échange, il y a peu de conflits mais avec nos caractères quand il y en a, c'est rare qu'un des deux lâche le morceau et comme avec un vrai père, les embrouilles peuvent vite partir en vrille.
Si il n'aime pas ce que je porte ou ce que je fais, il me le fait savoir, et bien sûr je ne vais pas réagir avec lui de la même façon qu'avec un pote ou un ami x ou y de ma mère, non dans ma tête je me dis tout de suite "je ne peux pas faire ça / lui dire ça, c'est mon papa quand même" alors je lui explique (ou du moins j'essaye parce que c'est une vraie tête de mule) que moi ça me plait et que si j'ai envie de mettre du noir tous les jours je vais le faire.
C'est vrai que quelque fois il faut lui expliquer comment être un père, je veux dire, avoir un père c'est presque inné, moi qui n'ai pas beaucoup connu le mien, c'est normal pour moi d'en avoir un, comme pour tout le monde. Mais à la différence, être père ça ne l'est pas surtout quand on a pas eu d'enfant par choix, alors dès fois je dois lui expliquer que non, ce n'est pas parce que je suis "sa fille" que, surtout à 27 ans, je dois m'habiller comme ci, ou faire un régime, ou ci ou ça, je dois lui expliquer que même si je sais qu'il m'aime et qu'il me dit les choses pour moi, pour mon bien, quelque fois il est vexant, blessant même, et que ce n'est pas parce que c'est mon papa que je vais tout lui passer et tout supporter au contraire. 

Cette relation est belle, par les sentiments, par ce qu'elle apporte, mais aussi par la chance que j'ai eu de le rencontrer et de l'avoir aussi proche de moi.
J'ai souvent peur pour lui, peur qu'il parte, quand je réfléchis et me dis qu'il n'est pas éternel et qu'un jour j'aurais perdu mes deux papas.

J'aime mon père, le vrai, l'unique, mais C. m'est aussi devenu indispensable et il fait partie intégrante de moi, de ma vie, mais dans ma tête tout est clair, rien ni personne ne se mélange, chacun de mes parents est à sa place.

Je t'aime papaS

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